Claudi Andujar a 88 ans. Elle habite à Sao Paulo.
La moitié de sa famille a péri à Dachau et à Auschwitz.
Adoptée par les Yanomami :
"je me sentis aimée, acceptée, telle que j'étais. J'avais trouvé une seconde famille".
Elle les photographie. Pour traduire leur cosmogonie en images, elle invente des procédés. Elle déclenche à contre-jour, enduit son objectif de gélatine pour obtenir des flous et des effets donnant l'impression au spectateur d'être à la fois dans et au delà du réel.
Dans les années 70, quand le gouvernement brésilien lacère le territoire des Yanomami au bulldozer pour y développer l'agriculture et les minéraux, c'est le cauchemar. "J'ai eu alors l'impression d'assister à un génocide, et je ne voulais pas abandonner ma famille une seconde fois".
Elle fait appel aux organisations internationales. Elle crée pour les indiens un système de santé avec des fichiers.
Elle remue ciel et terre et obtient en 1992 du gouvernement brésilien un décret délimitant les frontières du territoire yanomami.
La chute du ciel.
Bolsonaro est élu.
Il trouve "insensé" d'abandonner les richesses de l'Amazonie à ces "primitifs" vivant de façon "préhistorique".
Il dit regretter que "la cavalerie brésilienne n'ait pas été aussi efficace que l'américaine, qui a exterminé les indiens", et promet d'annuler le décret protégeant le territoire des Yanomamis.
Du coup, des milliers de garimpeiros envahissent les terres des Yanomamis.
"Je dois continuer à me battre", dit Claudia Andujar, qui défend à nouveau la cause des Yanomamis avec cette exposition.
Du 30 janvier au 10 Mai. Fondation Cartier, Paris XIV.
Pour les Chegaiens qui passeraient par Paris, allez-y et racontez-nous.